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Parcours, projets, vision de l’agriculture En savoir plus sur Miss et Mister agri 2024…

Pourquoi le métier d’agriculteur, le chemin suivi pour l’exercer, leur projet d’installation et la façon dont ils voient l’agriculture, les raisons de leur participation au concours : Lou-Anne Jannel et Benjamin Cucchietti, Miss et Mister agri 2024, se dévoilent…

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Lou-Anne veut profiter de son titre de Miss agri 2024 pour « soutenir les Nima comme elle, pour qui le chemin à parcourir pour s'installer peut être encore plus compliqué ». (© Lou-Anne Jannel)

Des brebis, cadeau d’anniversaire original pour une jeune fille, non issue du milieu agricole qui plus est ! C’est ce qu’a reçu Lou-Anne Jannel pour ses 13 ans, passionnée par les animaux et l’élevage depuis toute petite. Un éleveur de son village, Mirepoix dans l’Ariège, lui a en effet transmis son amour du métier d’agriculteur, ses connaissances et les gestes pratiques. Elle s’est fait la main avec ses propres bêtes sur 5 ha de terrain prêté, avant de s’installer à titre principal, en 2024, sur 70 ha et d’atteindre progressivement 200 brebis de race locale tarasconnaise.

Un projet porté avec son compagnon, qu’elle a « initié à l’agriculture ». Nima comme elle, il a quitté l’aéronautique pour travailler à ses côtés, et produire des porcs noirs gascons. Titulaire d’une licence de droit, Lou-Anne a passé deux ans de BPREA en apprentissage dans un élevage ovin viande de la région pour continuer de se former dans la production choisie. « Sur le terrain, à plus grande échelle, insiste-t-elle, comme au Service de remplacement où j’ai été embauchée en septembre, après mon diplôme. »

Difficile de trouver une ferme et du foncier

Le couple a cherché une ferme pendant quasiment deux ans et en a visité beaucoup, y compris hors du département que la jeune femme ne souhaitait pourtant pas quitter, attachée aux terres et traditions ariégeoises. « Trouver une exploitation et surtout du foncier est très difficile ici. Les disponibilités sont faibles et les prix élevés, notamment pour les estives (système pour lequel elle a opté) très convoitées en raison de l’ICHN. Ce qui favorise l’agrandissement des structures existantes au détriment de l’installation », déplore-t-elle. Le bouche-à-oreille est le plus efficace et a fonctionné pour la future éleveuse, âgée de 23 ans : les terres se situent près de Mirepoix.

« Faisant partie d’un héritage, elles n’étaient plus exploitées. Tout est à faire », précise-t-elle. Les cochons, élevés en plein air, valoriseront les bois, les terrains en pente et arides. Des contraintes pédoclimatiques classiques dans cette zone de l’Occitanie. « Le reste de la SAU se compose de prairies pour les ovins. Afin d’améliorer le plus possible l’autonomie alimentaire et de moins dépendre des prix du marché, nous cultiverons un peu de céréales », détaille Lou-Anne qui ajoute, quand on l’interroge sur le parcours à l’installation : « Les démarches sont longues mais nécessaires pour bénéficier de la DJA, une aide essentielle au niveau financier, en particulier pour que le dossier soit accepté plus facilement par les banques. »

« Rencontrer les agriculteurs de toute la France »

Dans son quotidien d’agricultrice et via l’élection Miss et Mister agri, elle veut « partager son expérience et montrer que les femmes en agriculture, de plus en plus nombreuses, peuvent s’en sortir aussi bien que les hommes ». Elle a particulièrement à cœur de « soutenir ceux qui ne viennent pas du monde agricole, et pour lesquels le chemin à parcourir pour s’installer et les perspectives d’avenir peuvent s’avérer encore plus compliqués ». À l’ensemble des futurs exploitants, elle conseille de « croire en leur passion et de persévérer même si ce n’est pas rose tous les jours ».

Elle profitera d’ailleurs de son titre pour alerter sur « le revenu des producteurs, trop bas, leur représentativité insuffisante, et leur mauvaise image auprès de la société », en particulier dans le cadre du Salon de l’agriculture et du Sommet de l’élevage. Elle aimerait aussi « partir à la rencontre des agriculteurs de toute la France pour échanger sur leurs problématiques respectives, et pouvoir ainsi mieux les défendre et renforcer la solidarité au sein de la filière ». Autant de points qu’elle continuera de mettre en avant sur les réseaux sociaux – Facebook, Instagram et Tik Tok – « le grand public étant à l’écoute et même demandeur ».

Benjamin Cucchietti, comme Lou-Anne, aimerait susciter des vocations agricoles chez les jeunes. (© Benjamin Cucchietti)

Benjamin Cucchietti, lui, est la troisième génération d’agriculteurs, derrière son père et son grand-père, près de Sisteron dans les Alpes-de-Haute-Provence. Contrairement à Lou-Anne également, il ne se destinait pas au départ à cette profession, préférant exercer celui de météorologue. Mais finalement, il s’oriente vers un Bac pro CGEA et reprend, en 2016, l’exploitation familiale de 52 ha, dont 35 ha de vergers, 10 ha de céréales (blé dur et un peu de semences) et du lavandin pour les huiles essentielles (les trois quarts acquis progressivement et un quart en location), en SCEA avec sa mère. Il avait été auparavant salarié agricole sur la ferme pendant trois-quatre ans, et avait effectué plusieurs moissons et récoltes de paille dans une ETA, pour « voir autre chose ».

« À l’origine, mon grand-père élevait des ovins viande, la production fruitière a été introduite petit à petit », indique le jeune homme de 28 ans qui apprécie, dans son métier, de travailler au quotidien avec la météo, son autre centre d’intérêt. Lorsqu’on le questionne sur son installation, il rejoint Miss agri sur la complexité administrative. « Que de papiers ! », résume-t-il, pointant aussi la difficulté de tout prévoir dans le PE (plan d’entreprise). C’est pourquoi, ayant lui-même été échaudé, il recommande de « le gonfler un peu » pour faire face, par exemple, à un renouvellement de matériel ou un achat de parcelles, non anticipé.

« Se diversifier pour amortir les fluctuations »

Autre conseil aux jeunes installés : « avoir beaucoup de courage car les résultats technico-économiques sont souvent en dents de scie en raison des aléas climatiques et de la volatilité des prix », des productions comme des intrants. D’où « l’importance de se diversifier pour amortir ces fluctuations ». Il évoque, par ailleurs, les « contraintes réglementaires » qui nécessitent d’être « bien accompagné » tant elles sont nombreuses et évoluent en permanence. Le jeune producteur fait référence, entre autres, aux certifications agroenvironnementales, les vergers étant certifiés éco-responsables GlobalG.A.P et HVE 3. Il faut être conscient « de l’avantage d’être son propre patron et de travailler en plein air, dans de jolis paysages ! », exhorte-t-il néanmoins.

Sur Instagram principalement, et en tant que Mister agri 2024, il entend mettre en avant la filière fruitière, la pomiculture notamment, dont on parle peu, en particulier dans les médias. Au Sia où il sera présent dans le cadre de l’élection, il fera la promotion, comme chaque année, de la pomme des Alpes. « Une production locale qui exprime les caractéristiques d’un terroir puisqu’elles sont cultivées entre 500 et 1000 m d’altitude, avec de fortes variations de température entre le jour et la nuit, donnant à cette Golden une coloration rosée et une teneur en sucre supérieure », complète Benjamin.

« Promouvoir la filière pommes, mais aussi la diversité agricole »

Mais cette filière est confrontée à certaines difficultés, qu’il importe de mettre en avant selon le jeune agriculteur, telles que les exportations moins chères ne répondant pas aux mêmes règles, et la limitation des matières actives phytosanitaires avec, parallèlement, des problèmes pour maîtriser les insectes et les maladies. Sans oublier le changement climatique. De ce fait, « nous devons, de plus en plus, faire preuve de technicité. Et face à la concurrence internationale, nous devons nous efforcer de rester compétitifs », souligne-t-il.

Toutefois, de même que Lou-Anne, « la défense de la diversité de l’agriculture française, mise à l’épreuve face aux normes économiques, politiques, sociales, des savoir-faire et des territoires » est, pour lui, cruciale. Comme elle, il aimerait « susciter des vocations » chez les jeunes pour faciliter la transmission des exploitations agricoles, lui qui tenait à faire perdurer celle de sa famille. « Il n’y a pas que le boulot cependant, il faut savoir se dégager du temps pour soi », conclut le jeune exploitant qui pratique les sports de montagne : la randonnée, à pied ou en voiture sportive, et le ski. Des hobbies qu’il met en avant sur les réseaux sociaux, pour que les gens voient qu’un agriculteur peut avoir les mêmes passions qu’eux.

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